Les utilisateurs potentiels d'OPIDIN peuvent être groupés en 13 catégories. Les prévisions du niveau de l'inondation en août peuvent aider, par exemple, les pêcheurs et les bergers pour prévoir leurs activités; mais pour les agriculteurs qui cultivent le riz, cette information vient un mois trop tard pour être utile. De plus, pour la plantation du riz, ce sont les précipitations attendues qui sont plus importantes que la crue à venir. Les prévisions générales des précipitations sont disponibles; meteo. Les précipitations récentes dans le Bassin du Niger Supérieur seront incluses dans l'évaluation des prévisions d'inondation telles que données dans le bulletin hebdomadaire.
1. Habitants des zones inondables: Les habitants du delta intérieur observent la hausse quotidienne du niveau d'eau entre juillet et octobre, mais ils ne peuvent pas prévoir jusqu'à quelle cote l'eau va monter ni la date de la cote maximale. OPIDIN fournit cette information essentielle. Les zones d'habitation dans le delta Intérieur sont implantées sur les zones hautes, ainsi elles ne sont pas inondées même lors des plus hautes inondations. Depuis 1969, les inondations ont été de 1 à 2 m plus basses que ces inondations très hautes, et des habitants se sont installés dans des zones plus basses qu'auparavant. Ces périodes de très hautes inondations semblent avoir disparu de la mémoire collective. OPIDIN peut donner « une alerte précoce » à ces habitants ayant construit des maisons dans des zones susceptibles d'être inondées. | |
2. Agriculteurs cultivant le riz dans les zones inondables (“submersion libre”): Les agriculteurs dans le sud du Delta Intérieur du Niger produisent une variété de riz (riz flottant) qui est bien adaptée pour croître en suivant la montée des eaux pendant l'inondation. Ils sèment le riz avant les premières précipitations dans l'espoir que les pluies arrivent tôt et permettent la croissance du riz avant que l'inondation arrive. Après une période d'inondation d'environ 3 mois le riz peut être récolté. Les agriculteurs dans le delta doivent décider où ils devraient planter leur riz. Pendant la grande sécheresse (1968-1993) beaucoup d'agriculteurs ont décidé d'abandonner leurs zones traditionnelles de culture du riz et ont commencé à occuper de nouveaux champs plus bas dans la zone d'inondation. OPIDIN ne peut pas aider ces agriculteurs à décider où semer leur riz, mais peut prévoir le niveau d'inondation et ainsi, indirectement, leur rendement. | |
3. ORM et ORS (“submersion semi-controlée”): L'Office Riz Mopti (ORM) et l'Office Riz Segou (ORS) contrôlent de vastes zones près de Mopti et à l'est de Ségou, le long du Fleuve Niger. Il n'y a aucune irrigation active ; des digues et des écluses retardent l'inondation s'il y a lieu, et contrôlent le niveau d'eau pendant la décrue ; il s'agit par conséquent d'un polder (aussi appelé casier). Mais la gestion de l'eau est passive : si l'inondation ne monte pas suffisamment, le casier demeure sec. Ainsi, comme pour les paysans dans les plaines inondables, OPIDIN est alors d'une utilité limitée. | |
4. Agriculteurs produisant le riz dans des zones irriguées (“submersion controlee”): OPIDIN peut ne pas être intéressant pour certains producteurs qui cultivent le riz dans des zones irriguées dans le delta Intérieur (par exemple dans les petits périmètres irrigués). C'est le cas si les champs irrigués sont situés sur des zones élevées et que l'eau est pompée à proximité dans le fleuve ou un de ses bras. Cependant, les périmètres irrigués rizicoles ont également créés ces dernières années plus bas dans les zones inondables elles-mêmes. Dans ce dernier cas, les digues autour des champs irrigués ont deux fonctions: (1) garder l'eau dans les champs (une digue basse est suffisante pour cela), (2) empêcher l'eau d'envahir et de noyer le périmètre quand les inondations sont hautes (pour cela, une digue haute est nécessaire, d'autant plus lorsque le site est situé sur les zones inondables basses). OPIDIN peut avertir les exploitants assez tôt si une très haute inondation est prévue de façon à ce qu'ils prennent des dispositions pour renforcer la protection des digues. | |
5. Agriculteurs exploitant les terres libérées progressivement de l'inondation pendant la décrue (“zone de décrue”): Les paysans font de l'agriculture et du maraîchage sur les terres fraîchement exondées et encore humides. La période de décrue est fortement variable et varie de plusieurs mois selon les années, particulièrement dans la partie nord du delta intérieur. OPIDIN peut prévoir déjà en août à quel moment un secteur sera exondé entre janvier et mai. | |
6. Comme 5, mais le long des lacs peu profonds et dans les dépressions (“bas-fonds”): Les paysans pratiquent également l'agriculture et le maraîchage sur les terres exondées dans les dépressions peu profondes et les grands lacs. OPIDIN sera d'un intérêt moindre pour ces agriculteurs, parce que le niveau d'eau dans zones ne sera pas habituellement connecté au réseau fluvial : en effet, la baisse du niveau d'eau n'y est pas déterminée par le niveau d'eau en baisse dans le réseau fluvial, mais par l'évaporation dans les plans d'eau devenus isolés assez tôt dès la baisse de la crue. Cependant, OPIDIN est quand même utile pour ces catégories, puisqu'il peut prévoir si l'inondation sera assez haute pour remplir ou non ces zones de dépression ou ces lacs. | |
7. Gestionnaires de l'eau (par exemple dans les grands lacs dans le delta nord): Le niveau d'eau dans le lac Horo est artificiel car une écluse a été construite dans le chenal de connexion entre le lac et le Fleuve Niger près de Goundam. Les modalités d'exploitation du secteur par les pêcheurs et les agriculteurs varient pendant la saison et dépendent du niveau d'eau. Le gestionnaire de l'eau doit prendre en considération les différents intérêts, qui sont parfois contradictoires. OPIDIN peut faciliter le processus de décision puisque la courbe prévue d'inondation à Goundam peut déjà être prévue des mois auparavant. Le même principe s'applique pour le lac Faguibine. | |
8. Eleveurs: Des millions de bovins, ovins et caprins transhument vers le Delta Intérieur du Niger pendant la période de décrue, où ils pâturent sur les zones inondables asséchées. La majorité des zones inondables du delta est couverte par quatre espèces herbacées flottantes : le riz sauvage, le riz flottant planté pour la consommation et deux espèces locales connues sous le nom de didere et bourgou. Quand le niveau de l'inondation s'abaisse, ces plantes, particulièrement le bourgou, offrent une excellente ressource alimentaire pour le bétail pendant la longue saison sèche. OPIDIN peut indiquer quand les zones inondables deviendront accessibles pour le bétail, mais également les quantités de fourrage auxquelles on peut s'attendre (elles sont directement liées à l'inondation : une plus haute inondation a comme conséquence directe une production plus élevée de bourgou). | |
9. Pêcheurs: La plupart des poissons sont capturés dans le Delta Intérieur du Niger pendant la décrue quand les plaines sont vidangées et que tous les poissons se concentrent dans les criques et les zones basses isolées du réseau hydrologique. La campagne de pêche est habituellement à son maximum en janvier / mars. Dans la situation actuelle les pêcheurs investissent dans de nouveaux filets ou de nouveaux bateaux dès qu'il sera évident que l'inondation sera haute, favorisant ainsi de bonnes captures. OPIDIN leur permet de prendre ces décisions un ou deux mois plus tôt. | |
10. Transport: Le Fleuve Niger joue un rôle important dans le transport des marchandises et des personnes. En particulier pendant la saison des pluies, les bateaux sont le moyen de transport le plus populaire dans le delta. Non seulement le transport fluvial est souvent le seul qui permet à des personnes d'atteindre les endroits éloignés, mais aussi ce transport est relativement peu coûteux par rapport au transport routier. OPIDIN peut être employé comme outil pour prévoir quelle sera la durée des périodes de navigation pour les bateaux de tailles différentes. | |
11. Autorités Locales: Le Gouverneur de Mopti doit décider en octobre quand les troupeaux auront l'autorisation d'entrer dans le Delta Intérieur du Niger (voir OPIDIN avant la lettre). OPIDIN peut aider à fixer la date à laquelle le niveau d'eau sera suffisamment redescendu pour permettre le pâturage sans causer de problèmes aux producteurs de riz. | |
12. Organisations humanitaires nationales et internationales: Les zones inondables sont des systèmes biologiques extrêmement productifs et presque partout dans le monde ils attirent pour cette raison une population importante. C'est également vrai pour le Delta Intérieur du Niger. Economiquement, le delta intérieur est entièrement dépendant de l'inondation, étant très productif pendant les années de haute inondation, mais avec des rendements très bas lors des années sèches. Actuellement, les satellites météorologiques suivent les nuages partout dans le monde et produisent des évaluations des précipitations quotidiennes. Cette information a été incorporée dans des systèmes d'alerte précoce (GIEWS, FEWS). Ainsi, les agences d'aide alimentaire sont informées sur les secteurs où des échecs agricoles ou des pénuries doivent être craints. L'inondation du Delta Intérieur du Niger, et donc le rendement de ressources naturelles dans le delta, ne sont pas liés aux précipitations locales. Par conséquent, OPIDIN fournit un outil supplémentaire important pouvant contribuer à la fonction d'alerte précoce pour les organisations humanitaires (inter)nationales. | |
13. Contribution to national policies and strategies. OPIDIN peut contribuer directement à la mise en œuvre de la GIRE dans le delta et dans le bassin du Niger Supérieur et à la prévention des conflits ; il peut faciliter des décisions appropriées pour un bon équilibre entre le développement économique et un environnement durable ; il peut aider les populations à améliorer leur sécurité alimentaire par une meilleure connaissance anticipée des conditions hydrauliques ; il peut aider les collectivités régionales/territoriales à prendre des décisions au sujet de l'eau et à gérer le partage entre des utilisateurs concurrentiels (« calendriers de traversée » par exemple) ; il peut aider le Gouvernement et la communauté internationale à anticiper une crise hydrique possible et la pénurie alimentaire consécutive et à prévoir plus tôt les réponses appropriées ; et il peut aider tout le monde à prendre en compte le changement climatique global et ses impacts sur la disponibilité de l'eau dans le bassin du Niger. |